30/03/2014

Présentation


Dragonneau dormant marbre l27 h19
Qu’est-ce que la sculpture pour François Varry ? D’abord sans doute un combat fou pour arracher la matière, bois ou minéral, au silence d’une  nature hors temps. « Journée dans le marbre noir, un gros bloc très dur, travaillé avec une massette de 1 kg. Descente de croix. Mal au bras, au dos. Comme la boxe, la  sculpture est un art de brute »*. 
Puis il lui faut donner forme aux terreurs qui nous habitent, pour qu’on puisse les regarder en face, les affronter. Fixer dans la pierre ces monstres qui nous obsèdent, les rendre accessibles aux malheureux humains. 

« Le souffle du dragon est multiforme. Solitudes vertigineuses, et la mienne en écho ».*

Il lui reste à donner ses lettres de noblesse à la mythologie issue des profondeurs de l’enfance, et que chacun se construit pour supporter la fragilité de sa vie. « J’ai les mains en purée : ma dernière descente de croix, après des heures de polissage, est comme une enfant devenue adulte. Elle vit sa vie propre, dans la jeunesse conjuguée de sa nature de marbre et de l’éternel présent du roman ».* Alors, « la fréquentation du genre humain devient quasi supportable ».*

François Varry s’attaque aux pierres et aux bois les plus durs pour leur extorquer cette extraordinaire douceur qui semble habiter les figures qui le hantent et auxquelles il donne corps. Mages, anges, dragons et dragonnettes, saintes et saints sont les partenaires et les déclinaisons d’un Christ qui a charge d’humanité, voire d’humaniser les petites créatures. Quand il est représenté, il prend la forme d’un, qui a épuisé son travail d’homme, et se retire dans la mort, en laissant à d’autres, des femmes, la tâche du lien à tisser. 
 
Le Christ au Mont des oliviers fait exception. Concentré en lui-même, il recueille toute la compassion et la douceur qui manquent au monde.
C’est une communauté de tendresse pudique et inquiète qui s’anime, dans un retour aux origines où l’homme peut se nicher au creux du dragon… A moins qu’il n’y soit menacé d’engloutissement ! Qui sait si les volutes généreuses de ces animaux fantastiques ne sont pas mortelles ?  Pourtant leur rondeur apaise et se ferait presque protectrice dans leur féminité.

A cette énigme, les femmes répondent par un amour infini, et l’implicite qui les lie relève d’une initiation, de fait, aux mystères du vivant, dans son nouage avec la mort. A preuve le sourire de la Vierge noire à son enfant déjà alourdi de ses charges. Ces femmes sont toutes semblables et toutes différentes, chacune  porte sa singularité : un nez, un sourire, une coiffure….
Notons que dans les descentes de croix on ne distingue pas saint Jean des femmes. Juste parfois un petit bandeau  laisserait penser qu’on pourrait le reconnaître. Illusion ! Il semble qu’au fond Jean l’Evangéliste et Marie mère de Dieu se rejoignent dans leur mission d’accoucher le Christ dans la vie, charnelle pour Marie, spirituelle pour Jean ( « Au commencement était le Verbe » Saint Jean) ...
Pas de regard pour ces figures. Elles sont, telles Bouddha, tournées vers l’intérieur, vers ce qui fonde l’humain, vers l’essentiel. Mais là encore, une exception : Le mage touché par le doigt de l’ange qui lui indique l’étoile divine. Cet œil grand ouvert révèle ce que cachent les paupières closes : une vigilance absolue à ce qui lie le présent au passé, et à ce qu’il engage d’avenir.                                                                                                        

 Laure Thibaudeau



Visage, pierre de Bourgogne



Pieta



Côté presse...


29/03/2014

La mise au tombeau














Cette mise au tombeau a été réalisée sur place en dix jours, dans un bloc de pierre de Carrenac de

60/55/40 cm. Le caillou faisait dans ses 350 kgs.

L'idée était de faire une sculpture pour cette petite église romane du 11e siècle, désaffectée depuis

les années 50 et sauvée de la ruine à partir des années 70 grâce à la ténacité de l'association des

amis de Curemonte. Elle sert, depuis, d'espace de concerts et d'exposition. Elle est classée

monument historique. C'est la plus vieille église de la Corrèze.

L'église de la Combe est isolée, au bord d'une petite route sinueuse, à 1,5 kms de Curemonte.. Une

nef aux dimensions modestes, une absidiole, toute ronde comme le sont les absidioles, en beaux

gros blocs avec un toit de lauze. Sous le toit, quelques modillons érodés par le temps. Devant

l'église, un petit pré délimité par un muret. Au centre du pré, une croix en pierre. C'est un ancien

cimetière, qui a servi d'espace d'inhumation pendant mille ans.

C'est un lieu discret, simple, harmonieux. Ce n'est pas une église qui en met plein la vue. Elle se

mérite...il faut lui laisser le temps de se révéler et de vous imprégner. Elle est austère et

convaincante...

Le matin, juste au lever du jour, il y a une qualité de silence hors du commun sur le site. Le chant

des oiseaux. Parfois, la rumeur d'un tracteur.

Dans l'église, vide des bancs qui encombrent l'espace et le regard chez celles qui sont en activité, la

lumière est exceptionnelle. Mes sculptures s'y exposaient de bonne humeur. Elles se sentaient chez

elles, et moi aussi.

C'est bien d'une histoire d'amour qu'il s'agit.

Je remercie Jean Bouyssou, président des amis de Curemonte, et la municipalité du village, de

m'avoir accordé leur confiance pour ce projet.

Je remercie mon frère Jean et ma belle sœur Ginou pour leur accueil et leur hébergement, et mes

parents pour leur attention.

Je remercie ma fille Romane pour avoir tenu l'exposition pendant que je travaillais.

Je remercie Kees Okx, peintre et passeur de beauté, mort en janvier dernier, dont les toiles

lumineuses comme des vitraux accompagnaient mes sculptures pour une exposition en son

hommage, et sa compagne Hélène qui s'essaie, avec courage, à vivre son absence au quotidien, tout

en restant, comme à l'accoutumée, si attentive aux autres.

Je remercie mes amis : Laure, Pascal, Annie, Aurélie, Ginette, Jean Charles, Pascale, Christelle et

les autres, pour leur soutien et leur affection, tant il est vrai qu'on ne peut travailler seul qu'à être

accompagné.

Dans les semaines qui viennent, l'église de la Combe se refait une beauté. D'importants travaux de

restauration vont être effectués, concrétisant une implication associative et municipale hors du

commun pour la valorisation du patrimoine. Lorsque les travaux seront terminés, la mise au

tombeau sera installée dans l'absidiole.

J'aurai réalisé un rêve de sculpteur.

Le mien, en tous cas...



Sculptures























Christ assis (marbre de Caunes Minervois)




Dragonette (calcaire du gâtinais)


  La consolante (marbre de Caunes Minervois)


 Descente de croix (marbre blanc)


Ange (marbre de caunes minervois)



Ange (marbre de Caunes Minervois)



 Vierge à l'enfant (pierre du Hainaut)

28/03/2014

Exposition 2015





J'expose mon travail à l'église saint Hilaire de Curemonte, du 25 avril au 5 mai prochain. Cette église est la plus ancienne église romane du département de la Corrèze.



Elle est toute petite et très belle. Pour elle, qui est désaffectée depuis les années 50 et en cours de restauration, je ferai une sculpture en taille directe durant le temps de l'exposition, parce qu'une église sans sculpture à l'intérieur est une peau d'église...